De salarié à indépendant: Couvrir ses arrières avec Pole Emploi

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Ca y est, c’est décidé, vous souhaitez devenir travailleur indépendant. Avant de vous jeter dans le grand bain, je vous recommande fortement de bien étudier les dispositifs existants et de planifier votre transition.

Vous trouverez ci-dessous quelques éléments à considérer dans votre chemin vers l’indépendance:

Pole Emploi, c’est la vie

Vous voyez votre salaire net ? Enlevez 15% et vous obtiendrez le montant des cotisations que vous payez tous les mois pour financer diverses prestations sociales. Parmi celles-ci, l’assurance chômage, qui peut vous garantir jusqu’à 24 mois d’allocations (voir un peu plus avec les droits rechargeables, mais ce n’est pas le sujet).

Prenez garde à la façon dont vous quittez votre emploi salarié, si vous démissionnez vous ne pourrez prétendre à vos droits au chômage, seuls les ruptures conventionnelles et les licenciements sont valides. En théorie on peut tout de même obtenir ces allocations en ayant démissioné depuis une loi récente, mais il faut 5 ans d’ancienneté, et rien n’est garanti car il faudra se justifier devant un juri…

N’ayez pas de scrupules à toucher ces allocations, vous avez cotisé pour celles-ci et vous n’y aurez probablement plus jamais droit après ! En effet que vous deveniez auto-entrepreneur, travailleur non salarié ou assimilé salarié, vous cotiserez sur tout, sauf le chômage. En quelque sorte Pole Emploi vous paye pour ne plus revoir votre tête !

La cigale et la fourmi

Ces allocations sont faites pour vous soutenir dans votre recherche d’emploi. Ca tombe bien, votre objectif est de créer votre propre emploi !

Vous trouverez deux dispositifs d’indemnisation pour les créateurs d’entreprise:

  • La fourmi: le maintien de l’ARE (Aide au Retour à l’Emploi), il s’agit de votre allocation mensuelle qui peut durer jusqu’à épuisement de vos droits. Son montant est d’environ 57% de votre salaire brut.

  • La cigale: l’ARCE (Aide à la Reprise ou Création d’Entreprise), qui représente 45% de la somme totale qui aurait dû vous être versée en maintien de l’ARE mais qui vous est remis en deux fois, à la création et le reste 6 mois plus tard.

A noter que l’ARCE ne doit pas être confondu avec l’ACRE (anciennement ACCRE) qui est un allégement de charges sociales pour le démarrage d’une activité, et qui est désormais systématique pour chaque création d’entreprise.

L’auto entreprise, c’est pas automatique

Voici venu le moment de choisir votre futur statut juridique, et partout vous voyez des articles et des recommandations pour un statut apparu en 2008: L’auto-entrepreneur, renommé depuis micro-entrepreneur.

Après 6 ans en auto-entrepreneur moi-même, et après avoir créé ma SARLU (ou EURL, c’est la même chose) cette année, voici pourquoi je pense que celui-ci ne devrait pas être le statut par défaut du freelance qui démarre et qui a des droits Pole Emploi:

Si vous avez choisi le maintien de votre ARE, vous devrez déclarer tous les mois votre CA et voir Pole-Emploi faire des complément au cas où votre revenu net ne dépasse pas le montant de votre allocation.

Dans le cas d’une EURL ou d’une SASU assujetie à l’impôt sur les sociétés, vous pouvez décider de ne vous verser aucune rémunération et vivre sur votre ARE de Pole Emploi sur la durée d’assurance chômage restante, ce qui vous permet d’accumuler de la trésorerie dans votre entreprise et anticiper sereinement le moment où vous enlèverez les petites roulettes.

Si vous n’avez pas de gros investissements à faire au démarrage, que votre train de vie peut être soutenable avec 57% de votre salaire brut, et que vous êtes à l’impôt sur les sociétés je vous recommande de faire la fourmi et de choisir le maintien de l’ARE qui vous assurera un revenu régulier et une optimisation de votre trésorerie.